Léonore Le Caisne, Anthropologue, Directrice de recherche au CNRS, CEMS/EHESS
Pour les sciences humaines et sociales, notamment l’anthropologie, des XIXe et XXe siècles, l’inceste est une alliance interdite entre deux membres apparentés qui peut différer d’une société à l’autre. Émile Durkheim l’a interprété comme résultant du tabou du sang : les membres du clan se considérant comme formant une seule chair, celle de l’ancêtre mythique dont ils descendent, les hommes doivent fuir les femmes de leur clan au risque sinon de toucher au « divin ». Pour Claude Lévi-Strauss, la prohibition de l’inceste provient d’un impératif social : en obligeant les hommes à chercher une femme hors de leur clan, il évite la constitution d’une multitude de groupes consanguins possiblement en lutte entre eux et permet, grâce à l’échange des femmes et à l’interdépendance des groupes entre eux qui en découle, à la société de se constituer. Pour l’un comme pour l’autre, l’inceste serait un interdit fondateur de toute société humaine.

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